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La pandémie de COVID-19 a-t-elle eu un impact délétère sur la prise en charge initiale des patients atteints de vascularites à ANCA ? Étude rétrospective interdisciplinaire au CHU de Nantes - 16/06/22

Doi : 10.1016/j.revmed.2022.03.244 
R. Deshayes 1, S. Ville 2, C. Masset 2, C. Hemont 3, C. Agard 1, M. Hamidou 1, A. Néel 4,
1 Médecine interne, CHU Hôtel-Dieu, Nantes 
2 Néphrologie, CHU Nantes, Nantes 
3 Immunologie, CHU Hôtel-Dieu, Nantes 
4 Service médecine interne, Nantes CHU, Nantes centre ville, Nantes 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

La pandémie de COVID-19, qui sévit depuis début 2020, a eu un impact majeur sur les organisations hospitalières comme sur le recours aux soins de ville, en particulier lors des périodes de confinement. Les conséquences de cette crise sur la prise en charge des patients non-COVID sont encore mal évaluées. Selon l’European Cancer Organisation, 1 million de cas de cancer n’auraient pas été diagnostiqués durant cette période. Le retentissement de la pandémie sur les patients atteints de maladies systémiques dysimmunitaires a été largement étudié concernant le risque de forme grave de COVID-19, le vécu des patients et leur suivi médical. En revanche, l’impact de la pandémie sur la prise en charge initiale – notamment diagnostique – des patients atteints de vascularite à ANCA n’est pas documenté.

L’objectif de cette étude était de comparer l’incidence, les parcours diagnostiques, la présentation clinique initiale et le devenir à 6 mois des patients présentant une VAA de type PAM ou GPA ANCA positive diagnostiquée avant (01/2010–01/2020) ou lors de la pandémie de COVID-19 (02/2020–12/2021).

Patients et méthodes

Étude rétrospective des patients prise en charge au CHU de Nantes du 01/01/2010 au 31/12/21 pour une GPA ou une MPA, séropositive (anti-MPO ou anti-PR3+) nouvellement diagnostiquée. Les cas diagnostiqués avant février 2020 (période contrôle) ont été comparés aux cas diagnostiqués durant la pandémie. Les patients ont été identifiés à partir d’un requetage du laboratoire d’immunologie du CHU. Les maladies ont été classées nosologiquement (GPA vs MPA) selon l’algorithme EMA. Le score FFS a été utilisé dans sa version révisée en 2009 et le BVAS selon la version 3. Le DFG a été estimé (eDFG) avec la formule CKD-EPI.

Résultats

Entre 2010 et 2021, 169 nouvelles GPA ou MPA séropositives ont été prises en charge dans les services de médecine interne et/ou de néphrologie, dont 20 depuis février 2020. L’âge médian était de 70 ans. Le nombre de nouveaux cas mensuel n’était pas significativement différent entre les 2 périodes (p=0,44). La proportion de GPA (57 %) et d’anti-PR3 (43 %) n’était pas différente. La durée des symptômes ne semblait pas différente entre les 2 périodes, de même que les voies de recours pré-hospitalier. Avant la pandémie 50 % des patients étaient pris en charge d’emblée au CHU en milieu spécialisée (25 % en médecine interne, 25 % en néphrologie). Lors de la pandémie cette proportion globale était comparable (55 %), mais seulement 5 % des patients étaient pris en charge en médecine interne. De façon globale, on observait depuis la pandémie une fréquence plus importante d’atteinte graves : rénale (hématurie : 90 % vs 65 %, p=0,02 ; eDFG<30mL/min/1,73m2 : 75 % vs 48 %, p=0,03), orbitaire (10 % vs 0,6 %, p=0,02), myocardique (15 % vs 2 %, p=0,02) ou cérébrale (15 % vs 1 %, p=0,01). Il n’y avait pas de différence concernant l’hémorragie alvéolaire ni l’atteinte neurologique périphérique. Le score FFS révisé moyen était de 1,3 lors de la pandémie, contre 0,8 auparavant (p=0,02). La proportion de patients présentant au moins 1 item rénal, digestif ou cardiaque du FFS modifié était de 85 % depuis la pandémie, contre 56 % auparavant (p=0,01). L’augmentation du score BVAS n’était pas significative (19,5 vs 16, p=0,14). La fréquence du recours aux immunosuppresseurs (82 %) ou aux échanges plasmatiques (10 %) était inchangée. Les patients diagnostiqués lors de la pandémie ont plus souvent reçu des bolus de méthylprednisolone (95 % vs 65 %). Les données à 6 mois, encore partielles, semblent montrer une fréquence accrue de séquelles rénales (eDFG<60mL/min/1,73m2 : 83 % vs 52 %, p=0,02).

Conclusion

Depuis la pandémie de COVID-19, les GPA ou MPA nouvellement diagnostiquées prises en charge au CHU de Nantes semblent être plus sévères, avec un impact clinique persistant à 6 mois sur le plan rénal. L’existence d’un biais de recrutement ne peut être totalement exclue, malgré une incidence et des parcours pré-hospitaliers qui ne semblent pas s’être modifié. Des études en population sont nécessaires afin de confirmer ces résultats. Ils suggèrent que le confinement, les déprogrammations et la conversion d’unités de médecine interne en unités COVID-19 ont pu avoir un impact néfaste sur les patients atteints de VAA non diagnostiquée.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 43 - N° S1

P. A69-A70 - juin 2022 Retour au numéro
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